Maison Lachapelle Perreault
Maison victorienne d’inspiration néo Queen-Ann
68 rue Montcalm
Description et style de la maison
Cette demeure bourgeoise victorienne en brique d’inspiration Queen-Ann est située à Saint-Esprit dans la région de Lanaudière. Construite sur la rue Montcalm, en plein cœur du village, elle fait partie d’un ensemble de maisons de briques construite dans les mêmes années. Contrairement aux villages avoisinants organisés de façon rectiligne, Saint-Esprit s’est consolidé sous la forme d’un petit bourg Français. Combiné à une population aisée à l’époque, cette configuration spatiale fait en sorte que Saint-Esprit possède un très grand nombre de maisons bourgeoises et cossues dans un espace restreint.
Cette maison, assise sur une solide fondation de moellon, possède de nombreuses caractéristiques d’époque propre à son style victorien. Il y a évidemment sa « tourelle », ainsi que la grande galerie qui ceinture la maison. La mouluration et autres éléments architecturaux décoratifs sont omni présents. Par exemple, les corniches possèdent de nombreux modillons complexe et caissons. Les colonnes doriques sont d’origine et les encadrements de fenêtres à guillotine en bois, particulièrement les chambranles de fenêtre, sont ornés d’impressionnants détails ouvragés. Les portes de bois massif sont également ornées et sculptées de nombreux détails. Le toit des galeries est fait de tôle à baguette d’origine. Le toit de la maison, quant à lui, était à l’origine entièrement fait d’ardoise avec motif, ce qui démontre bien l’aisance de son propriétaire d’époque. Malheureusement, l’ardoise fût retirée il y a déjà quelques années.
Vue de l’intérieur, les détails architecturaux ne manquent pas. Les pièces sont très grandes et les plafonds de plus de 10 pieds sont entièrement faits de moulures et donnent un effet de grandeur et de richesse incroyable. Les murs, en plâtre d’origine, sont ornés de plinthe et moulures de plus de 14 pouces, de cimaises et de corniches. Chacune des portes intérieures est en bois massif et richement ornée de mouluration et rosette. Les vasistas d’origine sont toujours présents et fonctionnels et permettent la circulation optimale de la chaleur.
La maison est située sur une partie du lot originaire numéro 159 dans le comté de Montcalm. Entre 1890 et 1896, le terrain de la maison appartenait à Cyprien Gourd (Marie-Mathilde Chapu), un marchand et bourgeois de la municipalité. Le 10 août 1896, monsieur Avila Jeannot, dit Lachapelle, achète le terrain pour 166,67$, afin d’y construire une somptueuse maison victorienne qu’il conservera durant quatorze ans. Anecdote ; le contrat de ventre mentionne que la prise de possession est immédiate, mais que le vendeur conserve le droit de récolter les légumes qui y sont plantés.
Boulanger de profession, Avila construisit et opéra successivement une boulangerie et une biscuiterie, plus loin sur la rue Montcalm. Cette passion explique la présence d’une fondation de four à pain dans le sous-sol de la cuisine d’été de la maison. La date exacte de la construction de la maison n’est malheureusement pas connue, mais elle aurait été construite vers 1900. Elle fut vendue pour 1 700$ à Arcade Roch (Alexina Desroches), cultivateur et bourgeois, le 4 octobre 1909. La maison fut léguée et/ou vendue à divers membres de la famille Roch-Desroches durant plus de soixante-quatre ans. En janvier 1973, Ulric Payette, dit St-Amour (Anne-Marie Allard), devinrent les nouveaux propriétaires et conservèrent la maison douze ans. De 1985 à 2000, quatre propriétaires se sont succédé. Le 13 octobre 2000, messieurs Jacques Dansereau et Rénald Boutin se portèrent acquéreur et en firent leur maison de campagne.
Finalement, le 9 mars 2012, Pascal Rochon et Nathalie Perreault en prennent possession et débutent sa restauration. L’objectif lors des travaux était de respecter la période de référence, soit les années 1900. Compte tenu que plusieurs éléments architecturaux étaient toujours présents, il suffisait de poursuivre dans la même veine, tout en permettant d’intégrer les commodités actuelles.
« Lors de la recherche des titres de propriétés, nous avons eu l’immense surprise d’apprendre que nous avions un lien particulier avec notre maison. Tout d'abord, nous avons découvert que Pascal a des ancêtres communs avec celui qui a fait bâtir la maison, Avila Lachapelle. Ce dernier est le cousin germain au 3e degré de Pascal. La famille de Pascal étant originaire de Saint-Esprit, c'était un peu normal. Cependant, nous ignorions que les ancêtres de Nathalie provenaient aussi de Saint-Esprit et faisaient partie des premiers bâtisseurs de la paroisse. Nous avons aussi appris, que Parmelia Perreault, la femme d’Avila Lachapelle, se trouve à être sa cousine germaine au 3e degré. Plus surprenant encore, le 9 mars 1896, c’est Toussaint Perreault, arrière-arrière-arrière-grand-père de Nathalie, qui a octroyé un prêt de 500,00 $ à Avila Lachapelle pour la construction de la maison. » - Pascal Rochon
Architecture et paysagement
La beauté de cette maison réside dans la quantité et la qualité des éléments architecturaux. L’objectif était de conserver l’ensemble des éléments d’origine présents. Ces derniers furent décapés au besoin et repeint. Pour les éléments détériorés, les propriétaires ont tenté le plus fidèlement possible de les réparer ou les remplacer par des éléments identiques. En ce qui concerne les éléments introuvables ou modifiés, les travaux visaient à tenter de les remettre comme ils devaient l’être à l’époque. En effectuant des recherches, en observant des maisons semblables à proximité et en se basant sur les éléments encore en place sur la maison, les propriétaires ont tenté de reproduire les éléments architecturaux qui auraient possiblement pu se trouver sur cette maison.
Lors de l’achat, les boiseries et fenêtre étaient peintes en blanc. En effectuant un curetage minutieux, les couleurs d’origine ont été révélées. Par exemple, le jaune ocre et le vert se retrouvaient sur la galerie avant. Les recherches effectuées dans la littérature ont également permis d’identifier les couleurs utilisées vers 1900 pour les maisons victoriennes. En combinant ces informations, le propriétaire a été en mesures d’établir une charte de couleurs appliquées aux différents éléments architecturaux.
En ce qui concerne l’extérieur de la maison, les travaux effectués en respectant le style de la maison et du village. Tout d’abord, les couleurs choisies sont des couleurs d’origine respectant les chartes de couleurs des maisons victoriennes de l’époque. Les maisons avoisinantes étant également en brique rouge, cela crée une belle intégration. Les bâtiments accessoires ont été construits avec des formes et des matériaux nobles d’époque. Ils sont peints d’une couleur s’agençant avec la maison. Les plantes et fleurs sont de variétés champêtres. L’aménagement, composé de pierres et de fleurs, autour de la piscine permet d’intégrer cet élément moderne de façon fluide.
Impacts de la restauration dans l'environnement
La restauration et la mise en valeur d’une maison patrimoniale, surtout dans un secteur relativement dense et au cœur du noyau villageois, à inévitablement un effet sur son environnement. Tout d’abord, tout au long des travaux, les résidents ont été à même de remarquer l’amélioration et voir la maison évoluer. Combiné à la mise en place d’un PIIA, les travaux de restauration ont pavé la voie à une prise de conscience des propriétaires du village de la richesse patrimoniale de leur maison. Il suffit parfois de quelques exemples concrets de restauration pour inciter les gens à effectuer des travaux. Ainsi, de plus en plus de maisons sont mises en valeur.
Contenu et texte © Pascal Rochon