Mme Cécile Gaudet et M. Victor Beauchamp
Mme Cécile Gaudet et M. Victor Beauchamp - Texte d'origine 2007
Cécile Gaudet est née le 2 juin 1922 à Sainte-Marie-Salomé. Fille de Marie-Ange Forest, de Sainte-Marie et de Séraphin Gaudet de St-Liguori. Elle est la 6e d’une famille de 14 enfants. Ses parents les adoraient. Ils n’étaient pas trop sévères mais juste assez. Elle a eu une belle jeunesse et en garde de bons souvenirs. D’abord, elle n’a pas le caractère des autres. Elle donne son idée après les autres, mais c’est différent. Elle veut travailler, sa mère lui dit : « c’est bien, lave l’escalier ». Elle est jeune, 5 ans. Malheureusement elle commence par la dernière marche du bas. Quand sa mère voit ça, elle lui dit : « Finis la cinquième marche que tu as commencé et va faire la première marche du haut ». Il y en avait douze. Et la vie continue !
À l’école, elle n’aimait pas ça. Son talent était ailleurs. Mais elle s’est toujours débrouillée. Mal prise ? Pas trop souvent. Pour arriver la 1re de classe, jamais. Elle ne se forçait pas non plus. Ça lui connaissait, même au couvent de Crabtree et de Lachine. Les années au couvent l’ont éduquée, oui, mais pas pour l’instruire. Elle s’ennuyait toujours. Les soeurs voulaient que Cécile fasse une religieuse. Il n’en était pas question. Juste avant de partir, elle a joué un tour pour qu’elles se rappellent d’elle. Toutes les filles prenaient de l’eau bénite avant de sortir du dortoir pour faire le signe de croix. Parfois, Cécile oubliait. Elle sortait toujours la dernière près de la religieuse. Elle avait remarqué qu’elle n’en prenait pas tout le temps comme elle. L’avant dernier matin, il lui restait de l’encre pour écrire. Elle a sorti la 6e du dortoir et a vidé son encrier dans le bénitier. Heureusement, elle a fait son signe de croix, mais pas la sœur. Alors elle était marquée et non la sœur. Mais le lendemain, en donnant la main à la sœur pour la remercier de tout ce qu’elle avait fait, la sœur l’a embrassée comme c’était la coutume, alors elle a vite prononcé : « c’est moi pour l’encre » et elle est partie vite, vite. Cécile a travaillé avec sa sœur, Évangéline, au presbytère de Verdun. Elle lavait la vaisselle, faisait les lits, répondait au téléphone, aidait la ménagère.
Victor est né à Sainte-Julienne, le 20 décembre 1921. Il est le fils d’Ovide Beauchamp et de Rosaria Gourd. Comment Victor de Ste-Julienne, a pu rencontrer une fille, qui travaille et demeure à Verdun ; et en faire sa femme ? La présentation s’est faite à Sainte-Marie, chez les parents de Cécile, par un ami. Après quelques mois de fréquentations à Verdun, Victor trouve que ça fait loin et ça coûte cher. Et Cécile de répondre, pourtant, on s’adonne bien ensemble… Et Victor, qui n’attendait que ça ; de rajouter d’abord que c’est comme ça, si tu veux, on va se fiancer ! C’est décidé : le mariage se fait le 10 juin 1950, à Sainte-Marie Salomé, au milieu de nombreux parents et amis. Le voyage de noces se fait aux États-Unis, à White River chez Eddy St-Jean de le Bahnon. Ils ont été reçus comme des rois. Ils ont visité les États durant une semaine. Ils s’en retournent dans leur maison car Victor, possédait déjà, sa ferme « entièrement établie », avec vaches laitières plein l’étable, même chose pour la porcherie et le poulailler. Il avait même un rucher, pour sa récolte de miel, ainsi que toute la machinerie dont il avait besoin, pour faire ses travaux. Ce qui lui restait à remplir c’était sa maison.
Son mariage, une vraie réussite sur à peu près tout, sauf avoir des enfants. Elle avait dit à sa mère, 8 ou 9 enfants, ça ne me fait pas peur et ça été tout le contraire. La vie continue sans enfant mais ils y pensent tout le temps. Alors une belle journée d’été, ils vont à Joliette, afin d’adopter un enfant. Ils entrent et choisissent un petit garçon de 2 ans et demi. Ils doivent attendre quelques jours avant de pouvoir le prendre. Ils se rendent au rendez-vous fixé, la foi dans le cœur. Quelle ne fut pas leur déception ? Un certain monsieur qui travaillait au Service Social, l’avait choisi le matin même pour le donner en adoption. Cécile n’a plus eu envie de recommencer l’expérience. Ils se sont informés en tant que foyer nourricier à Montréal. Si bien que la maison s’emplit la première année et ils se retrouvent jusqu’à dix enfants autour de la table, et ça, durant vingt-trois années consécutives. Une vraie famille d’accueil. 127 enfants de familles différentes, ont pu profiter, de son aide de 1952 à 1978.
En 1963, un 26 août après-midi alors que Cécile et Victor travaillaient au champ, coupant leur tabac, quelle ne fut pas leur grande surprise en regardant sur le côté de la maison de voir une épaisse fumée noire. Vite, ils courent vers la maison qui commençait à brûler ! Ils arrivent en même temps que le curé, Gaston Charbonneau, et Cécile de dire : «monsieur le curé faite que notre maison ne brûle pas…» Ils firent des prières et heureusement, la maison fut épargnée. Mais des passants avaient déjà eu le temps de vider la maison de son contenu tel que : ménage, garde-manger, garde-robe, congélateur, etc… Tous les bâtiments ont été rebâtis et en 1974, Victor vend sa ferme pour venir habiter à Saint-Esprit. Là, ils font partie du Club de l’Âge d’Or. Cécile s’occupe de pastorale. Ils font du bénévolat. Cécile et Gilberte Perreault sont un peu les instigatrices d’Entraide et Amitié : elles visitaient les personnes âgées
et ramassaient des sous afin de faire célébrer des messes aux défunts. Elle est aussi dans le groupe qui a fait les démarches auprès du Député afin d’avoir une bibliothèque à Saint-Esprit. Cécile reçoit du linge qu’elle envoie ensuite à la Saint-Vincent-de-Paul et aux familles démunies. Ce service les tient occupés. Quant à Victor, il décide d’aller travailler à la ferme expérimentale de l’Assomption de 1975 à 1985, comme professionnel dans la culture des légumes. Il est apprécié de ses patrons. En 1984, il reçoit un diplôme qui déclare qu’il est un employé modèle et qu’il pourrait même faire un travail plus difficile et qu’il a les qualités pour diriger une équipe de travailleurs. Il a aussi été convoqué comme candidat-juré au palais de justice, sans toutefois être sélectionné.
Cécile et Victor ont souvent fait des voyages, plus jeunes ils faisaient garder les enfants.
Un couple uni qui vit paisiblement et heureux dans leur maison.