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M. Gérard Vézina

M. Gérard Vézina - Texte original de 2004

Le 16 avril 1917, dans le village de St-Esprit, naissait Gérard Vézina, fils d’Yvonne Brouillette et de Maxime Vézina. Il était le 5ème enfant de la famille qui en comptera 7. Il a vécu son enfance dans la maison paternelle située près de la rivière St-Esprit, voisin du Garage St-Jean. Il était prédestiné à une longue vie car à l’âge de 5 ans, avec son frère Jean et 2 amis, il est sauvé de la noyade par son frère aîné Luc, qui en sera malheureusement la victime. Gérard est resté marqué toute sa vie par cet incident et il gardera une peur « bleue » de l’eau. Né sur une ferme, il raconte ses souvenirs et les moments importants vécus comme lorsque ses parents faisaient « boucherie ». Les animaux étaient propres et le boudin avait un goût qui n’a rien à voir avec ce que l’on mange aujourd’hui! 

On connaît son habileté pour les travaux manuels et pour la construction, d’après ses cousines, déjà enfant, il construisait de petits véhicules et il savait émerveiller les adultes par son adresse. Pas de surprise lorsqu’il a souhaité devenir menuisier et qu’il est allé étudier à l’École des métiers, avant de faire son apprentissage. Il savait se divertir malgré tout, sur ses photos de jeunesse, on le voit au volant d’une moto avec un « side-car », il y avait tout le confort pour un passager supplémentaire! Il appréciait déjà la chasse, passe-temps qu’il pratiquera tout au long de sa vie.

Après quelques années de célibat, à 26 ans, il rencontre l’âme sœur, Laurence Brisson et se marie par un matin d’octobre. Les 4 premières années, le jeune couple vivra sous le toit de Joseph Brisson, père de Laurence qui était à l’époque bedeau (la maison a été démolie dans les années 60 pour faire place à la caisse populaire du village). Durant ces années, ils auront 3 filles et c’est justement après la naissance de la troisième que Gérard achète la maison des Dufault, un peu retirée du village, maison qu’il habite encore aujourd’hui. Endroit idéal pour y élever une famille nombreuse, entre 1947 et 1961, 9 autres enfants viendront s’ajouter aux premiers et la petite Marie-Claire mourra en bas âge, d’une broncho-pneumonie. Ce qu’il y a de particulier dans la famille de Gérard, c’est qu’il verra naître 8 filles avant de voir arriver son premier fils : Henri-Paul. Un événement qui a fait parler tout le village.

Initialement pour rejoindre la maison familiale il fallait emprunter un chemin qui passait près du moulin à scie de M. Tremblay. Pour améliorer l’accès, Gérard ouvre un chemin qui rejoint le rang « Rivière Nord ». Quelques années après, c’est au tour de la rue des Écoles de joindre le chemin Vézina. Gérard a toujours participé aux développements de son village, par exemple, en donnant un terrain à la municipalité en vue d’améliorer ce secteur. Ainsi, au cours des années, le chemin est devenu la rue Vézina.

Durant les années 50, Gérard s’implique au niveau de la gestion scolaire, initialement comme commissaire et ensuite comme président de la commission scolaire. Ses filles se souviennent qu’il venait à l’école Thérèse Martin avec le curé remettre les bulletins à la fin de l’année et les sœurs de Ste-Anne s’organisaient pour que Gérard puisse remettre le bulletin de ses filles qui savaient lui faire honneur. Au cours de ces années, il a aussi agi à titre de conseiller municipal. En 1958, il a participé activement à l’organisation des Fêtes du 150ème anniversaire du village de St-Esprit. Il avait entre autres, reconstruit, en miniature, l’ancien collège des garçons qui a été mis sur une voiture pour la grande parade, activité majeure des fêtes. À cette époque, la pratique religieuse est très vivante et la procession de la Fête-Dieu est un événement important dans la paroisse. Avec d’autres bénévoles, il a participé durant plusieurs années, à mettre en place le reposoir, l’autel à l’extérieur, qui devait recevoir le saint sacrement et dont l’endroit variait d’une année à l’autre.

1961 aura été une année éprouvante pour Gérard et sa famille. Après la naissance du dernier enfant, sa femme malade doit être hospitalisée durant 5 mois. Gérard a la charge de la famille et est le pourvoyeur. Ses filles mettent les mains à la pâte, Yvonne, l’aînée s’occupe des enfants et de la tenue de la maison, elle est aidée par ses sœurs Denise et Marie-Jeanne, ensemble elles relèvent le défi. Après la pluie, le beau temps… et les choses reviennent à la normale. Gérard et Laurence ont toujours encouragé leurs enfants à étudier, c’est ainsi que tour à tour, ils ont vu leurs jeunes partir pour aller étudier à St-Jérôme, Montréal, Trois-Rivières ou Rimouski.

Grâce à l’encouragement qu’il a reçu des résidents de St-Esprit, Gérard a pu exercer son métier de menuisier et ainsi, bien faire vivre sa famille. Il est fier de ses réalisations que ce soit la construction ou la rénovation de séchoirs, de silos, de granges ou de maisons, il a toujours privilégié la solidité et le travail bien fait, même si l’on doit y accorder plus de temps.

Jeune adulte, il avait travaillé dans le domaine de la coupe du bois, effectuant divers travaux, dont la responsabilité des hommes et le transport du bois. Cette expérience lui est encore utile de nos jours car il a un grand terrain à entretenir et on le voit tous les hivers, travailler dur, bûcher et fendre le bois; cela lui semble facile, il possède une très bonne technique et de bons instruments. Il émerveille ceux qui l’observent, sachant prévoir avec précision ou l’arbre tombera. Pour ce qui est de fendre le bois, encore de nos jours, il remporte la palme, laissant ses gendres courbaturés!

L’aspect religieux revêt une grande importance pour ce paroissien de St-Esprit. En effet, Gérard a agi comme marguillier et il a participé au renouveau de la pratique religieuse à la fin des années 60, il a aidé le curé dans ses tâches entre autres, pour donner la communion. Durant plusieurs années, à tous les printemps, il se faisait un devoir d’aller chercher des branches de cèdres qui étaient bénites le dimanche des rameaux. La messe fait partie de ses activités, encore maintenant, à 87 ans, il s’y rend régulièrement, que ce soit en camion, à pied ou en vélo… Il peut remercier Dieu de lui avoir donné la santé dont il jouit encore de nos jours. Laurence n’est jamais très loin, ensemble ils cheminent depuis plus de 60 ans, cela a été l’occasion d’une Fête familiale, en juin 2003. 

Au cours des dernières décennies, en plus de ses 11 enfants vivants et de leurs conjoints, la famille s’est enrichie de 19 petits-enfants et de 7 arrière-petits-enfants dont il est très fier. Pour nous tous, il a toujours été un père responsable et bon, c’est un homme authentique et il continue de captiver nos jeunes par ses récits d’une époque pas si lointaine…


Denise Vézina