M. Armand Lapalme
M. Armand Lapalme - Texte original 2007
Doyen de la Municipalité de Saint-Esprit
Armand Lapalme est né le 2 juillet 1911 à Saint-Alexis. Il est le fils d’Augustine Magnan (née en 1883 et décédée en 1961) de Saint-Alexis et de Salomon Lapalme (né en 1876 et décédé en 1958) de la même paroisse. Ses parents ont élevé 16 enfants. Ils ont fêté leurs 60 ans de mariage. Sa mère était d’une famille de chanteurs, de joueurs de musique : violon, maître chantre, musique à bouche et orgue.
En 1911, il n’y a ni électricité, ni téléphone. Les chemins sont de terre. L’électricité verra le jour pendant la guerre de 1918 à Saint-Alexis. Il se souvient des premiers : tracteurs, radio, «gramophone» et piano. Dans sa paroisse son père a été un des premiers à avoir une automobile : un Credor 1920 et en 1927 ce sera un Whippet Overline qui a coûté 700.00 $, payé comptant.
À l’âge de 5 ou 6 ans, son oncle Albert, frère et très proche de son père, décède. Son père hérite de sa terre et de sa maison. La famille déménage dans la maison de son frère. Leur maison est louée à un jeune couple pour 2.50 $ par mois. C’était en 1930, ce couple gagnait 20.00 $ par mois et payait de 0.50 $ à 0.75 $ la corde de bois de poêle. Le boulanger de l’époque, Raoul Bertrand de Ste-Julienne, livrait le pain : un pain deux fesses coûtait 0.07 $. Le beurre se vendait 0.17 $ la livre. Les intérêts étaient à 6% après la guerre. En 1937, l’achat d’un Chevrolet a coûté 900.00 $
Il va à l’école du village celle des Sœurs Jésus Marie. L’hiver ses parents l’emmènent à l’école à cheval. Puis, il va au Collège à Saint-Jacques chez les Frères Saint-Gabriel et à l’Académie St-Louis de France. C’était aussi le temps ou les filles et les garçons n’étaient dans les mêmes écoles.
Il se souvient des Noël et Jour de l’An en famille. Il y avait 3 messes de minuit célébrées par le même prêtre : la première messe « spéciale », complète et avec des chanteurs et les deux autres «basses messes » beaucoup moins longues, ce qui permettait à tous d’assister à une messe de minuit. L’église était pleine, on y ajoutait même des chaises dans les allées. Il y avait des messes à tous les jours avec des chants et deux servants qui étaient payés 0.05 $ chacun. À la sortie de la messe, sur le perron de l’église, le bedeau annonçait ce que les citoyens avaient à vendre. Le magasin général était ouvert pendant la grand-messe et n’avait pas d’heure de fermeture. On se retrouvait régulièrement au restaurant pour des veillées. Les petits cochons en chocolat et les pipes en plâtre se vendaient 0.01 $ chacun.
À quatorze ans, il part pour Saint-Bruno chez les frères de Saint-Gabriel. Il prononce des vœux de trois ans, il y enseigne et puis il en sort. À son retour chez-lui, il travaille jusqu’à l’âge de 32 ans, à la ferme de ses parents cultivateurs. Ils habitent une des dernières maisons du village située à deux arpents de l’église. Ses parents ont de 15 à 18 vaches, des cochons, de 7 à 8 chevaux et des poules. Ils avaient de bons chevaux, ils prenaient environ 1heure 30 minutes pour se rendre à Joliette. Les petits chemins de campagne étaient « roulés » l’hiver. Les chemins du Roy étaient entretenus par chaque cultivateur qui devait entretenir son bout de chemin. Le lait est mis dans des « canisses » pour ensuite être transporté à la Beurrerie de Saint-Alexis afin d’en écrémer le lait. Ce « petit lait » était donné aux cochons.
En ce temps-là, il conduisait sans permis. Il prend son permis de conduire à l’âge de 20 ans au prix de 5.00 $ et sans aucun test car les autos étaient denrées rares. Il y avait environ 10 autos dans sa paroisse. Un homme en « bicycle à gaz » nommé « Spotter » devait surveiller le comté ce qui lui donnait environ 7 à 8 paroisses. Alors il fallait être très malchanceux pour se faire prendre. Armand aimait se rendre à Joliette dans les salles de danse et les restaurants.
Il rencontre Simone Perreault qui est en visite chez sa sœur au village de Saint-Esprit. Simone est née le 9 octobre 1917 à Saint-Roch-de-l’Achigan. Elle travaille dans une manufacture de couture à Montréal. Un dimanche sur deux, il va la voir à Montréal et l’autre dimanche, c’est elle qui vient le voir. Si elle a trop de travail et qu’elle ne peut venir, c’est lui qui ira en voiture la voir. Simone et ses parents habitent au rang Côte St-Philipe à Saint-Roch-de-l’Achigan. Ils se marient en 1942 et font leur voyage de noces à Sherbrooke. Ils louent une petite maison de la rue Latendresse à Saint-Esprit où naîtra leur fils Claude. Ils achètent une petite terre à Saint-Alexis. Ils la cultivent pendant deux ans. En octobre, sa femme se rend chez sa belle-sœur pour une journée. Elle va avec elle et s’engage dans une compagnie qui fait des munitions pour la guerre. Armand lui sera engagé au « Plan Saint-Paul » à Saint-Paul-l’Ermite » aujourd’hui Le Gardeur. Ils y travaillent l’hiver seulement. Leur enfant est gardé par la maman de Simone. Tous les dimanches, ils viennent le voir. Souvent la semaine, Armand, qui travaille sur les « chiffres » prend l’autobus de Saint-Paul au village de Saint-Roch et de-là il traverse le bois pour se rendre chez ses beaux-parents afin de voir et dormir avec son fils. Pendant leur absence de la ferme, c’est son voisin qui s’occupe des animaux et se sert de son cheval.
Après la vente de la terre de Saint-Alexis, il achète la terre du beau-frère et garde les beaux-parents. Ils demeurent 21 ans à Saint-Roch. Leur ferme est située à 5 milles de l’église, Armand achète sa première voiture, une Dodge 1937. Puis en 1958, son beau-père décède. Ses funérailles sont célébrées à l’école Notre-Dame car un feu a détruit l’église. En 1961, il vend sa terre. Il en achète une autre dans le rang Rivière Nord à Saint-Esprit. La petite famille s’y installe et belle-maman aussi. En 1966, il construit une maison sur la rue des Écoles et y déménage l’année suivante. Armand prend sa retraite à 70 ans. En bonne santé, ce couple prend des cours de danses et ira à plusieurs soirées pour y danser.
Sa belle Simone, a été présidente de l’Âge d’Or de 1977 à 1983, a été aussi vice-présidente du Conseil régional de la FADOQ Lanaudière.
Un texte composé par elle : La ballade des souvenirs
Les souvenirs des jours d’antan sont de beaux papillons d’argent qui nous rappellent notre enfance et tant, et tant de souvenances. On veut les retenir un peu pour leur dire un dernier adieu… Les souvenirs des jours d’antan sont de beaux papillons d’argent. Les souvenirs de l’âge mur sont les papillons du futur qui nous auront pris notre place. Ce sera pour demain la face d’un autre monde et ses chansons qui sera ce que nous étions. Les souvenirs de l’Âge d’Or sont, certes, les plus beaux encore, chacun raconte sa jeunesse. Les femmes se parlent d’amour, les hommes, d’eux, comme toujours. Les souvenirs de l’Âge d’Or sont, certes, les plus beaux encore…