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M. Alban Majeau

M. Alban Majeau - Texte original de 2005

C’est le 19 janvier 1918 que naissait sur la ferme ancestrale Alban, le septième enfant d’une famille de 10. Avec cette naissance issue de Marcel Majeau et de Yvonne Raymond, Alban s’inscrivait dans la lignée de la huitième génération de Majeau depuis leur arrivée au pays, plus précisément à Repentigny. Par la même occasion, il devenait membre de la quatrième génération de Majeau installée sur la même ferme (i.e M. Germain Majeau) depuis leur établissement à Saint-Esprit.

Il fréquenta l’école du Petit Rang jusqu’à l’âge de 12 ans. À son corps défendant, le travail de la ferme l’exigeant, c’est avec regret qu’il accepta d’abandonner l’école. Le 7 juillet 1944, il épousa Annette Latendresse en l’église de Saint-Esprit. Après leur mariage, ils vinrent s’établir dans le Petit-Rang sur la terre achetée par Marcel, son père, de M. Camille Marsan. Pendant les nombreuses années qu’ils passeront sur la ferme, ils se consacreront à la culture du tabac et à l’industrie laitière. En 1967, ils réorientent les objectifs de la ferme en l’axant sur la production des œufs et l’élevage des volailles et des porcs. Pour atteindre ces buts, ils entreprennent alors la construction d’un poulailler et d’une porcherie.

La maison d’Annette et d’Alban fut vite reconnue comme une terre d’accueil pour plusieurs membres de la famille dont Armand (en 1945) et Laurent (en 1950) durement éprouvés à ce moment-là. À cela s’ajoutent les nombreux efforts déployés par le couple pour garder, entre 1960 et 1974, trois jeunes de l’Assistance sociale qu’il s’emploiera à nourrir, à habiller et à éduquer jusqu’au jour où ils seront prêts à prendre leur envol dans la vie. Aujourd’hui, ils ont fondé un foyer. Ils exercent un métier honorable et sont tous devenus propriétaires d’une belle résidence. Une telle réussite comble Alban d’une fierté et d’une joie inégalées.

Comme le couple aimait beaucoup les enfants et qu’il se retrouvait seul après six ans de mariage, il accueille Jean en juin 1950. Il devient leur propre enfant quatre ans plus tard. Peu de temps après, soit le 12 août 1951, une charmante fille, nommée France, naissait et venait compléter agréablement le couple. Peu de temps avant de prendre sa retraite, Alban et sa petite famille sont durement éprouvés. Annette les quitte subitement le 7 octobre 1975. Au mois d’août 1976, Alban ne se laissant pas abattre par l’épreuve, décide de refaire sa vie et épouse Juliette Lévesque. Au printemps 1977, Alban et sa nouvelle épouse décident de prendre leur retraite. Il vend sa ferme à Marcel Gariépy de Saint-Lin et entreprend la construction d’une nouvelle propriété sur la rue Rivest, dans le village, où le couple emménage à l’automne de la même année. En septembre 1982, une autre épreuve viendra toucher profondément Alban puisqu’elle l’atteindra dans une de ses cordes sensibles : son amour des enfants. En effet, il perdra sa seule fille, alors âgée de 31 ans, à la suite d’un cancer du foie.

Si la vie d’Alban fut très active, prospère et généreuse sur sa ferme, cela ne l’empêcha pas de s’impliquer à divers paliers dans sa communauté. Ainsi, Alban sera vite reconnu pour ses multiples intérêts. Tant sur le plan agricole et syndical que sur le plan municipal, tant sur le plan religieux que récréatif, Alban saura laisser sa marque. A partir de 1955, on le voit déjà à l’œuvre. Sa première implication, d’une durée de six ans, se fera au sein de l’Office d’habitation du Québec, où agissant comme directeur il aura contribué à aider plusieurs jeunes de la municipalité à s’établir. De 1955 à 1958, c’est au sein du comité du carnaval qu’il va œuvrer à titre de directeur. Il contribuera alors au succès de cette activité récréative qui, à l’époque, faisait l’envie des paroisses avoisinantes. Brimé dans son manque de scolarité, Alban sera d’autant plus ardent à défendre la cause de l’éducation. Ainsi de 1965 à 1968, on le verra en action à titre de commissaire pour représenter son secteur. De 1960 à 1964, Alban est de nouveau à l’œuvre comme président local de l’U.P.A. Il se démarquera principalement en faisant pression sur l’U.P.A. régional pour susciter la création d’un syndicat voué à la défense des producteurs d’œufs et de volailles.

Ensuite, c’est à la Chambre de commerce de Saint-Esprit qu’il s’illustrera à la fois comme directeur et président pendant quatre ans (1960-1964). Sous son mandat, plusieurs réalisations innovatrices révéleront la dimension progressiste de la personnalité d’Alban. Ainsi, c’est sous son régime que débutera l’enlèvement de la neige, d’abord dans la rue Principale pour ensuite se répandre dans toutes les rues du village. Aussi, on procèdera à une nouvelle nomination des rues et des rangs. De plus, la numérotation des maisons et des commerces de la municipalité constituera un autre changement marquant. Sous sa mouvance, le service postal, jusque-là dépendant de Sainte-Julienne, connaîtra un essor notable. Saint-Esprit obtiendra son autonomie pour la distribution du courrier.

En 1965, il se retrouve à nouveau dans un comité où ses talents d’organisateur seront mis en évidence. Il fera partie d’un groupement chargé de préparer la fête pour souligner les 50 ans de sacerdoce et les 20 ans de pastorat à Saint-Esprit du Chanoine Damien Robert, alors curé de la paroisse. Pendant trois années, à partir de 1969, on le verra cette fois évoluer dans l’administration des biens de la fabrique de Saint-Esprit.

À compter de 1979 et ce, pendant dix ans, les Cœurs joyeux de Saint-Esprit seront en mesure de bénéficier de l’excellent travail qu’Alban accomplira avec générosité à titre de directeur de l’organisme. Au début des années 80, c’est au sein du conseil d’administration du H.L.M qu’on le voit en action. Son implication efficace se prolongera pendant six années. Finalement, de 1980 à 1982, il mettra à profit sa riche expérience, acquise à partir de toutes ses implications antérieures, en servant sa communauté comme conseiller au sein de l’administration municipale.

Malgré une scolarité qu’il aurait souhaitée beaucoup plus élaborée et en dépit des nombreux travaux que requérait le travail sur sa ferme, Alban ne s’est jamais laissé abattre par les défis que posait son engagement social. Homme disponible, généreux, dévoué et progressiste, il aura su mettre au service de sa famille et de sa communauté ses multiples talents. Il doit sans doute, une fière chandelle à ses deux épouses qui, pendant une trentaine d’années chacune, l’ont admirablement accompagné dans tout ce périple par leurs encouragements et leur support moral. Pour tout ce travail accompli avec audace et dignité, il mérite bien le titre de «bâtisseur de Saint-Esprit». À cet égard, nous lui devons tous nos hommages empreints à la fois d’admiration et de remerciements.


Claude Majeau